mardi, septembre 17, 2024

La complexité de l'hypnose

J'adorerais vous donner une définition simple de ce qu'est l'hypnose... Chaque jour me sépare de cette perspective tant j'en constate la profondeur et la complexité. Toutefois, il s'agit - semble t-il - d'un état d'être, un peu ici, ou beaucoup, un peu ailleurs, ou beaucoup aussi, une transe pendant laquelle une partie de mes fonctions veillent tandis que d'autres se reposent. 

Cette transe pourrait ressembler à une passation, celle des clés de mes fonctions habituelles à quelque chose que je ne connais pas et maîtrise encore moins. Certains le nomment l’inconscient, je le désignerais davantage comme l'intelligence du corps - ou de l'être. S'en remettre à l'intelligence du corps est, je le crois, le propos de l'hypnose. C'est un pari sacrément audacieux, qui nécessite une part d'audace, parce que je refuse à cet instant d'utiliser mes mécanismes bien ancrés, des automatismes puissants pour laisser d'autres fonctions, d'autres possibilités émerger. Je crains que l'hypnose ne soit l'école du lâcher prise... Non pas celle de l'imperméabilité ou l'indifférence à tout ce que peut m'arriver, mais davantage dans l’abandon des mécanismes de réactions qui m'ont permis de "maîtriser ma vie", voire de survivre jusque là...  Oui, l'hypnose, c'est la paix, du moins l'enterrement de la hache de guerre. Il s'agit alors d'un temps suspendu pendant lequel je renonce à convoquer tout mécanisme défensif pour faire l'expérience d'autres façons de faire ou d'être.

Ce renoncement s'appelle l'abandon. Je m'abandonne à moi-même, à la vie, à ce qui est. Sans chercher à le domestiquer, l'étriquer, le contraindre. Au fond, c'est une expérience d'expansion pure, une expérience dans laquelle je fais le pari fou que d'autres possibilités de réactions, de mécanismes inconscients conviendraient à ma situation actuelle. Il s'agit alors de lâcher l'ancien pour adopter du nouveau.

Je crois beaucoup en la notion de suspension durant l'hypnose, aucune apesanteur, aucune limite, rien qui pourrait contraindre, freiner mon expérience de redécouvrir des potentiels infinis - au moins dans l'imaginaire.

Être dans un état d'hypnose, c'est réunir son passé, le présent et tous ses futurs. C'est faire l'expérience du grand et de la complexité. Cela génère souvent une sensation d'étrangeté, comme un goût inhabituel. Et tant mieux, car ce n'est que dans l'inhabituel que je fais l'expérience d'autres possibilités, souvent plus efficaces (les inutiles étant rapidement abandonnées). Pour que l'expérience soit suffisamment inhabituelle, je dois favoriser l'émergence de plusieurs facteurs :

- Le lâcher-prise, c'est-à-dire renoncer à toute forme de maîtrise, et par là-même à toute forme de volonté, de projection, y compris de guérison, ce qui n'est pas évident, j'en conviens, lorsque l'on décide d'appeler un hypnothérapeute... C'est un passage néanmoins très nécessaire.

- L'ouverture, c'est-à-dire, le non enfermement dans ce que je crois être ma vérité. Par exemple,  partir du principe qu'à cause de ce que j'ai vécu durant ma jeunesse, je suis ce que je suis aujourd'hui, c'est admettre une forme de fatalité ou de résignation face à ce que je vis. Ne pouvant pas changer le passé, comment me convaincre de sortir de cette "vérité" pour m'autoriser à expérimenter d'autres possibilités ? Il me faut alors faire preuve d'ouverture et de renforcement de l'idée que je ne suis pas que le fruit de mon passé.

- La dés-identification à mes symptômes. Je ne suis pas la maladie, je ne suis pas la colère, la jalousie, l'addiction, la dépression, etc... Je suis un peu plus vaste et complexe que tout cela. Cette des-identification est l'union du lâcher-prise et de l'ouverture.

Pour créer tout cela au sein d'un cabinet de thérapie brève, un seul facteur s'avère indispensable : la qualité de la relation entre le thérapeute et son client pour renforcer la présence. Celle du thérapeute à son client, celle du client au thérapeute, celle du client vis-à-vis de lui-même et celle du thérapeute à lui-même. On pourrait alors évoquer LES PrésenceS en jeu. La qualité de la relation s'installe rapidement, je dirais même dès les premières secondes de l'échange. Oui, l'hypnose commence toujours dès que le client est en contact avec son thérapeute. Mais il ne le sait pas encore. Et ce n'est pas très grave, voilà déjà une chose qu'il ne maîtrise pas ! 

Dans ce blog, nous évoquerons plus en détail chacune des thématiques abordées dans ce texte. Il ne s'agit que d'un point de vue, le mien, la somme d'expériences que j'aborde en toute humilité, me souvenant à quel point chaque réflexion, idée n'est qu'une ouverture sur de bien plus vastes interrogations. Comme le dit si bien Socrate, "je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien...". Abordons ensemble ce "rien" et gardons à l'esprit que plus j'avance en hypnose, moins j'en sais sur elle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Autoritarisme et hypnose

Dans un précédent post, j'évoquais mon aversion de tout autoritarisme de la part de l'hypnologue. User de stratagèmes pour impressio...